02. La somesthésie
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- Catégorie : 4- Systèmes sensoriels
- Publié le 18 avril 2012
- Ben Brahim Mohammed
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La somesthésie [2, 5, 72] (appelée aussi sensibilité du corps, sensibilité générale ou encore sensibilité somatique) diffère des autres systèmes sensoriels. En effet, ses organes récepteurs sont distribués partout sur le corps [39] et elle correspond à des modalités sensorielles complètement différentes [5].
1. Modalités somesthésiques :
La somesthésie est au fait un système multi-sensoriel qui renseigne sur :
- le tact fin (épicritique) [36]: détecteur des formes délicates et des textures fines des objets.
- Le tact grossier (protopathique): nous donne une idée globale sur la géométrie des objets.
- La pression.
- La vibration (pallesthésie) [107].
- La température [4].
- La douleur (nociception) [5].
- Et le sens de position des membres dans l'espace (statokinésie).
En général, on distingue trois grandes catégories de sensibilité générale [5, 96]:
- L'exteroception: Sensibilité liée au monde extérieur.
- La proprioception [4]: Perception de la position relative des parties du corps (sensibilité profonde).
- L'interoception [74]: Sensibilité des viscères et des systèmes végétatifs.
2. Les récepteurs [41, 57]:
Il y a plusieurs types de récepteurs qui participent à la conversion des différents signaux (mécaniques, thermiques et chimique) en potentiels d'action: langage compris par les neurones. C'est ainsi qu'on distingue :
- Les mécanorécepteurs (qui réagissent à la pression),
- Les chémorécepteurs stimulés par des substances chimiques,
- Les thermorécepteurs (sensibles à la chaleur),
- Et les nocicepteurs (qui recueillent les données sur la douleur) [57].
Dans la catégorie des mécanorécepteurs [5], il existe plusieurs variétés en fonction du pouvoir discriminatif (capacité de distinguer entre deux points de stimulation rapprochés), et du temps d'adaptation au stimulus (délai après lequel le récepteur cesse d'émettre des potentiels d'action).
On distingue ainsi: Les récepteurs pileux [44], les disques de Merkel [38, 41], les corpuscules de Meissner (très importants pour le tact fin) [38], et les corpuscules de Ruffini [143].
Les récepteurs de la température sont au nombre de deux [36]: Récepteurs au chaud et récepteurs au froid.
Pour la sensibilité proprioceptive, il existe trois variétés de récepteurs: Les organes tendineux de Golgi [54, 109], les fuseaux neuromusculaires [3, 38, 109] et les récepteurs articulaires [54, 109].
Il existe également des récepteurs polymodaux [57, 144] et des terminaisons nerveuses libres [41] qui renseignent essentiellement sur la douleur.
3. La transmission :
3.1. Voies périphériques :
Les récepteurs sont liés à des fibres nerveuses qui acheminent les informations sensitives des récepteurs vers le SNC. On distingue quatre types de fibres selon leur diamètre et leur éventuelle myélinisation [57]:
- Les fibres A alpha sont des fibres myélinisées de gros diamètre: (proprioception).
- Les fibres A béta, myélinisées de diamètre moyen: (Mécanoréception).
- Les fibres A delta, fibres myélinisées de petit diamètre.
- Et les fibres C amyélinisées de petit diamètre: (pour la nociception et la thermoception) [3].
Les corps cellulaires (pseudo-unipolaires) de ces fibres sont situés dans les ganglions spinaux pour les nerfs rachidiens, et dans le ganglion de Gasser (ganglion trijéminal) [45] pour le nerf trijumeau qui est responsable de la sensibilité du visage.
3.2. Champs récepteurs :
On appelle (champ récepteur) [5] la zone anatomique innervée par les prolongements dendritiques d'une seule cellule nerveuse. Ces régions sont d'autant plus petites et nombreuses au niveau des extrémités (pulpe des doigts, lèvres, langue), ce qui explique la finesse de la sensibilité dans ces régions.
3.3. Dermatomes :
Chaque racine sensitive contient des fibres sensorielles reliées à une partie de la peau qu'on appelle: Un dermatome [41]. Il existe 31 paires de nerfs rachidiens, cependant on a que 30 paires de dermatomes. Ceci est dû au fait que la première racine nerveuse spinale C1 ne contient souvent pas de fibres sensitives [13, 18].
3.4. Voies centrales :
Il y a classiquement une chaîne de trois neurones qui assure la conduction du signal sensitif jusqu'au cortex cérébral.
Au niveau du SNC, les fibres de la sensibilité s'organisent en deux principaux faisceaux: le système lémniscal (voie des colonnes dorsales) et le système extra-lémniscal (spino-thalamique ou antérolatéral) (spine = rachis).
- Les fibres du système lémniscal [41] acheminent les informations du tact fin, de la vibration et de la proprioception. Elles constituent les cordons postérieurs de la moelle et montent jusqu'aux noyaux graciles et cunéiformes [36] au niveau du bulbe rachidien. A ce niveau, elles font des synapses avec les neurones suivants, ceux-ci croisent la ligne médiane (décussation) et montent le long du ruban de Reil médian (lémnisque médian) jusqu'au thalamus où ils vont faire une deuxième synapse.
- Le système extra-lémniscal [145] achemine les afférences de la douleur, de la thermoception et du tact grossier. Les premiers neurones de ce système font directement synapse dès leur rentrée à la moelle au niveau de la substance gélatineuse, les deuxièmes neurones vont croiser la ligne médiane et former le faisceau antérolatéral qui va rejoindre le thalamus où ces fibres vont faire une deuxième synapse. Des fibres de ce système font relais au niveau de différents noyaux du tronc cérébral notamment la formation réticulée et la substance grise périaqueducale.
- Il existe également un troisième système qui relie le cervelet aux fibres ramenant les informations de la proprioception inconsciente (faisceau spino-cérébelleux) [38, 75].
Les deux systèmes (lémniscal et extra-lémniscal) rejoignent le thalamus au niveau du complexe ventro-basal [50]. A ce niveau, il existe une carte somatotopique des différentes parties du corps, la tête au niveau du noyau ventral postéro-médial (VPM) [71] et le reste du corps au niveau du noyau ventral postéro-latéral (VPL) [2].
Du thalamus vont se projeter les troisièmes neurones vers le cortex somatosensoriel primaire.
4. La perception :
Le cortex somatosensoriel primaire S1 se situe au niveau de la circonvolution pariétale ascendante (gyrus post-central) et répond aux aires 3, 1 et 2 de la classification de Brodmann [38]. A ce niveau, il y a également une représentation somatotopique [57] de l'ensemble des parties du corps. Cette représentation est disproportionnée en fonction de la finesse sensitive et de la répartition des champs récepteurs au niveau de chaque partie du corps. Cette somatotopie se trouve illustrée par le fameux homonculus de Penfield [119] qui a une bouche et des mains géantes et un tronc minuscule.
Des fibres issues du cortex somesthésique primaire S1 vont se projeter sur le cortex somesthésique secondaire S2 [38] impliqué dans des processus de mémorisation.
D'autres vont rejoindre le cortex somatosensoriel associatif en arrière au niveau du cortex pariétal postérieur (aire 5 et 7) [57], c'est là que va se faire l'intégration des informations sensitives avec les informations visuelles afin de construire une réalité cohérente.
Au total, chaque cortex somatosensoriel reçoit et analyse les informations sensitives issues du côté controlatéral du corps.
Annexes :
- [Catégories principales des récepteurs somesthésiques]
- [Types de fibres sensorielles dans les nerfs périphériques]
- [Caractéristiques des champs récepteurs des différents types de récepteurs]