03. La conscience

" La conscience est au psychologue ce que la gravité est au physicien : inévitable. " Baars.

1. Problématiques de la conscience :

La conscience [73, 119, 133] est un sujet très difficile à étudier pour plusieurs raisons [119]. D'abord parce qu'il existe plusieurs définitions de la conscience, nous employons le mot conscience à différentes sauces [164], et puis parce qu'elle fait intervenir beaucoup de structures encéphaliques [166] et d'autres fonctions supérieures telles que la mémoire [73] et le langage [170].
 
Un autre élément s'ajoute à la complexité du sujet, c'est que la conscience est une expérience purement subjective [166] et donc n'est accessible qu'à la personne qui l'expérimente, ainsi son étude doit se faire à travers des sujets, et le modèle animal est très peu contributif car on ne sait pas encore avec certitude quelle forme de conscience leur attribuer [41].

2. Généralités :

2.1. Définition :

La conscience peut définir plusieurs choses :

  • Le pouvoir de focaliser son attention;
  • L'état d'éveil;
  • La faculté d'abstraction;
  • La faculté de verbalisation, c'est-à-dire d'exprimer les événements par des mots;
  • La capacité d'élaborer des projets et d'établir de nouvelles relations mentales à partir d'expériences passées;
  • La prise de conscience du soi;
  • La faculté d'établir des valeurs...

2.2. L'inconscient :

Parler du cerveau et de la conscience nous mène à parler de l'inconscient. Le cerveau possède en effet une multitude de circuits spécialisés qui traitent à chaque moment environs 1 milliard de données par seconde sur différents aspects de notre environnement [142]. Ce n'est qu'une quantité infiniment petite de ces données qui émerge dans notre conscient.

2.3. Sommeil :

Tout état de rupture de la conscience n'est pas pathologique, car à l'inverse des comas [57], des syncopes ou des lipothymies qui ont des origines pathologiques certes, le sommeil constitue un état de rupture physiologique de la conscience qui est d'ailleurs très intéressant à étudier [91, 119].

3. Classification :

On distingue entre deux formes de consciences: la conscience dite primaire [170] responsable de la vigilance ou de l'état d'éveil qui se définit surtout par son opposé (perte de conscience), et la conscience d'ordre supérieur [171] telle que la définition et la distinction du (soi) qui est plus difficile à étudier et à expliquer.
 
L'approche du soi fut depuis toujours l'œuvre des philosophes et psychologues et fait l'objet depuis quelques temps de plusieurs études qui ne sont pas encore unanimes sur les conclusions.
 
Il est donc nécessaire de bien définir de quel niveau de conscience on parle quand on essaie de lui associer des structures cérébrales.

4. Mécanismes :

La conscience met en œuvre la mémoire à court terme, les processus évoluant dans la mémoire longue ne rejoignent la conscience qu'après passage par la mémoire à court terme [133].
 
Plusieurs structures cérébrales contrôlant la conscience dans le sens de l'éveil sont bien connues.
 
D'abord la formation réticulée [38, 42, 57], dont le niveau d'activité influence notre état de vigilance, de veille et de sommeil. En effet, être éveillé nécessite une interaction entre la formation réticulée et d'autres structures cérébrales notamment le cortex cérébral. Pour cette raison, les voies ascendantes de la formation réticulée sont nommées: Système réticulé ascendant activateur ou SRAA [45].
 
Ensuite le thalamus, la gare de triage de tous les signaux en provenance du corps [38]. Et finalement le cortex cérébral [44], dont l'importance est cruciale pour toutes les formes de perception et de contrôle des mouvements volontaires [73].
 
La protubérance [166], les noyaux du raphé et le locus cœruleus sont aussi des structures impliquées dans le maintien de la conscience primaire [41].
 
Pour qu'il y ait conscience, il semble donc qu'il doit y avoir échange ou résonance entre différentes régions du cerveau. Grâce aux techniques d'imagerie cérébrale fonctionnelle, on peut voir les étapes qui mènent à l'émergence d'une image mentale consciente.

5. Syndrome de déconnexion calleuse :

L'expérience la plus marquante dans l'histoire de l'étude de la conscience est sans doute celle de l'étude du syndrome de déconnexion calleuse [133].
 
Dans des formes d'épilepsie rebelles à tout traitement médicamenteux et qui se propagent aux deux hémisphères cérébraux, on procède parfois à une section du corps calleux.
 
Même s'il s'agit d'environ 200 millions de fibres nerveuses [39, 80] sectionnées, après l'opération les sujets ne se rendent compte d'aucun déficit notable. Mais des expériences élaborées constatent quelque chose de fascinant. Chaque hémisphère développe une conscience propre et indépendante de l'autre hémisphère [73]!!!
 
Si on met un objet dans la main gauche du sujet concerné en bandant ses yeux, il ne reconnait pas l'objet car la région du langage, située dans l'hémisphère gauche n'a pas accès aux informations sensitives qui dans le cas de la main gauche aboutissent sur l'hémisphère droit, pourtant le sujet arrive à dessiner l'objet avec sa main gauche [39, 166]!!