05. Le langage

" En se limitant à l'étude purement physiologique du langage, on risque de ne jamais pénétrer jusqu'à cette faculté interne dont le langage est la manifestation ou le signe extérieur " Millier, 1861.
 
Le langage [3, 4, 57] est la fonction qui nous permet de communiquer avec l'autre. Qu'elle soit parlée, écrite ou signée, la communication joue un rôle primordial dans notre vie. En effet, grâce au langage on peut exprimer nos pensées, nos besoins et nos désirs, on peut informer l'autre et s'informer soi-même sur d'éventuelles menaces ou dangers.
 
Sans langage, il n'y aurait pas eu d'histoire ni de progrès... Brefs, le langage se situe au cœur sinon au sommet des fonctions cognitives les plus importantes pour l'homme [5].

1. Langage et langues :

Le langage est notre faculté de coder des éléments abstraits ou concrets par un enchaînement de signes et de symboles compris par d'autres. Ces signes sont structurés d'une manière précise afin de former des expressions qui ont un sens.
 
L'ensemble de ces signes et les règles de leur structuration constituent une langue. On compte aujourd'hui plus de 6.000 langues à travers la planète [173], 1.000 langues en Nouvelle Guinée [174]!
 
Le nombre des symboles et des mots d'une langue particulière n'est pas infini. Pourtant, grâce à leurs différentes combinaisons selon des phrases on peut former une infinité d'expressions. Ceci témoigne de l'énorme puissance du langage.
 
La capacité du cerveau à reconnaître des mots particuliers dans le flot verbal de quelqu'un est quelque chose de très remarquable. Il suffit d'écouter une langue qui nous est étrangère pour se rendre compte de la difficulté d'en isoler les éléments constitutifs. Une personne qui parle dans sa langue n'isole pas les mots entre des silences, comme les espaces qui séparent les mots écrits, et pourtant, notre cerveau les reconnaît individuellement et leur attribue un sens.

2. Appareil phonatoire :

Pour pouvoir parler, nous disposons d'un appareil phonatoire très sophistiqué [175]. L'appareil vocal humain peut être comparé à un instrument de musique à vent et à corde [175]. Il comprend une source de vent: les poumons (le générateur), une structure qui vibre: les cordes vocales dans le larynx (le vibrateur), et une série de caisses de résonance que forment le pharynx, la bouche et les fosses nasales (résonateur ou amplificateur). La transformation du son laryngé en parole est ensuite complétée par la position du voile du palais, de la langue, des lèvres et des dents qui agissent en (modulateurs) du son émis.

3. Aires cérébrales du langage :

Il existe deux régions cérébrales fortement impliquées dans le langage: l'aire de Wernicke et l'aire de Broca [41, 74].

3.1. L'aire de Wernicke :

Celle-ci se situe sur le lobe temporal juste à côté du cortex auditif primaire et secondaire. Elle assure la compréhension des éléments du langage. L'aire de Wernicke reçoit des informations de l'aire auditive pour le langage parlé, les analyse et envoie des influx vers l'aire de Broca par l'intermédiaire du faisceau arqué.

3.2. Le faisceau arqué :

Des études récentes ont montré que le faisceau arqué lie plutôt l'aire de Wernicke à la région du cortex moteur primaire [198] située en arrière de l'aire de Broca au lieu de se terminer directement sur celle-ci. C'est la portion latérale du faisceau longitudinal supérieur qui fait communiquer l'aire de Wernicke à l'aire de Broca via le gyrus supra-marginal [198].

3.3. L'aire de Broca :

Située sur le lobe frontal, l'aire de Broca est responsable de l'expression du langage. Elle est reliée à l'aire motrice principale qui commande les contractions des différents muscles du corps, notamment ceux du larynx, intervenant dans la parole.

4. Latéralisation cérébrale :

Le langage est le plus souvent sous la dépendance d'un seul des deux hémisphères du cerveau [41], qualifié de l'hémisphère dominant [50]. Ce phénomène est l'un des aspects de l'asymétrie générale du fonctionnement cérébral qu'on appelle: Latéralisation cérébrale [166].
 
L'hémisphère dominant est presque toujours le gauche (dans 90% des cas [96]) chez les droitiers. Chez les gauchers, la physiologie cérébrale est à la fois plus variable et moins bien connue selon les individus: l'hémisphère dominant est souvent le gauche, mais parfois le droit, dans d'autres cas, il semble que la latéralisation soit moins nette et que les deux hémisphères soient plus équilibrés [4].
 
Toutefois, cette vision catégorique d'un hémisphère dominant pour le langage est loin d'être absolue. Des études récentes ont démontrés le rôle important de l'hémisphère droit dans l'intonation (prosodie) [41], faculté par laquelle on peut formuler une même phrase de diverses manières pour qu'elle ait des sens complètement différents. Elle permet de transformer une affirmation en un ordre, un souhait ou une question.