02. La mémoire et l'apprentissage
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- Catégorie : 6- Fonctions supérieures
- Publié le 18 avril 2012
- Ben Brahim Mohammed
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La mémoire joue un rôle déterminant dans notre vie [3]. Au fait, sans mémoire il n'y aurait aucun sens à la vie. La mémoire est le moyen de se situer dans le temps, c'est le tissu qui façonne l'histoire de chacun.
1. Définitions :
La mémoire se définit comme la capacité de capter, de coder, de conserver et de pouvoir restituer une information donnée [4].
On confond souvent la mémoire avec l'apprentissage. Même si ces deux processus sont souvent liés, il est utile de mentionner que l'apprentissage [1] ne s'applique essentiellement qu'à la phase d'acquisition et de stockage des souvenirs.
Le rappel implique une restitution active de l'information, alors que la reconnaissance requiert seulement de décider si une chose parmi d'autres a été préalablement rencontrée [119].
2. Classifications :
La notion de mémoire, d'usage très courant, est en fait plus complexe qu'elle en a l'air. En effet, on distingue plusieurs types de mémoires [38, 135]:
2.1. En fonction du temps.
2.1.1. La mémoire sensorielle [145]:
Celle-ci est de durée extrêmement brève, ce n'est autre que notre perception des choses et des événements. C'est l'écho et la résonnance interne des informations sensorielles qui persistent quelques fractions de secondes dans notre conscient.
2.1.2. La mémoire à court terme [161]:
Dite aussi (mémoire de travail [163]), constitue un niveau de filtrage sélectif des informations recueillies par nos sens durant au moins une minute [164]. Elle nous permet de retenir quelques éléments, en moyenne 7 données: un numéro de téléphone par exemple [42], données avec lesquelles on travail (d'où son nom). Celles-ci en fonction de leur importance peuvent ou pas passer à un autre niveau de stockage à longue échéance.
2.1.3. La mémoire à long terme [165]:
La mémoire à long terme assure la sauvegarde des souvenirs pendant une longue durée, des mois, des années voire toute la vie.
2.2. En fonction des informations à mémoriser :
En fonction du type des données à mémoriser [39], il peut s'agir d'une:
2.2.1. Mémoire explicite [165]:
dite également déclarative [167], concerne les données qu'on peut exprimer par des mots. On en distingue:
- La mémoire sémantique [164] qui concerne la mémorisation des objets et des choses bien précises.
- La mémoire épisodique [145] qui concerne des événements bien situés dans le temps.
2.2.2. Mémoire implicite [166]:
Dite aussi procédurale [165], est une mémoire essentiellement motrice qui concerne le savoir-faire. Elle est faite d'automatismes sensori-moteurs si bien intégrés que nous n'en avons pas conscience. Par exemple, pour quelqu'un qui sait faire des sutures, il aura du mal à expliquer la méthode en utilisant seulement des mots.
Beaucoup de nos conditionnements émotionnels et de nos réflexes conditionnés font également partie de la mémoire implicite.
3. L'efficacité de la mémoire :
3.1. Nature de la mémoire :
Notre mémoire est associative [119], ça veut dire qu'elle est d'autant plus efficace si on associe les données à mémoriser avec des éléments déjà enregistrés dans notre mémoire; une chose nous en rappelle une autre, qui nous en rappelle une autre, etc.
La mémoire est le fruit d'une reconstruction de différents éléments. On n'enregistre pas des scènes entières dans notre cerveau. D'ailleurs, aucun souvenir n'est vraiment identique à son origine comme une photo, cela ferait beaucoup de choses à mémoriser et notre boîte crânienne et malheureusement inextensible.
On ne retient que quelques pièces du puzzle, quelques miettes de pain qui vont nous aider après à reconstruire et retrouver des souvenirs à partir de différents éléments clés.
3.2. Facteurs influençant la mémoire :
Plusieurs facteurs influencent l'efficacité de la mémoire [168]:
- Le degré de vigilance, d'éveil, d'attention et de concentration au moment de la mémorisation.
- L'intérêt, la motivation, le besoin ou la nécessité des éléments à se rappeler.
- La répétition.
- Le lieu, l'éclairage, l'odeur, les bruits... brefs, tout le contexte présent lors de la mémorisation s'enregistre avec les données à mémoriser.
- L'effort de mémorisation, d'où l'expression (mémoire de travail). Travailler sa mémoire c'est donner un sens aux éléments à mémoriser et faire des liaisons logiques avec ce qu'on a déjà acquis. Plus un souvenir est codé, élaboré, organisé et structuré, plus il sera facile à retrouver.
4. Mécanismes de la mémoire:
Plusieurs structures nerveuses jouent un rôle primordial dans la mémoire :
L'hippocampe [54] joue un rôle clef dans la mémoire épisodique. Il permet de recueillir constamment les données des différentes aires sensorielles (visuelles, auditives, somatosensorielles...), en sélectionner les plus marquants, les lier en un seul épisode d'événements au lieu de demeurer une collection de souvenirs séparés et les redistribuer aux aires appropriées.
Les personnes ayant subi une ablation des deux hippocampes ne peuvent plus enregistrer de nouveaux souvenirs dans leur mémoire à long terme [167], mais ils conservent leur capacité à se rappeler des anciens souvenirs avant l'intervention chirurgicale.
Certains souvenirs personnels très intenses mettent en jeu ce qu'on appelle la mémoire émotive [169]. Celle-ci impliquerait en plus de l'hippocampe une autre structure du système limbique: l'amygdale [39], une région connue pour gérer nos réactions de peur. Plusieurs autres structures du système limbique contribuent à encoder nos souvenirs de façon durable.
Le cheminement d'une information à mémoriser à long terme suit le circuit de Papez [38, 50], celui-ci lie hippocampe, fornix, corps mamillaires, thalamus antérieure et gyrus cingulaire.
La mémoire procédurale ne solliciterait pas du tout l'hippocampe. Elle serait plutôt associée à des modifications dans le cervelet [1], les ganglions de la base et le cortex moteur.
Le cortex préfrontal joue un rôle primordial dans la mémoire de travail [1].
Aucun neurone isolé ne contient en lui-même l'information nécessaire à la restitution d'un souvenir. Le cerveau retient les données grâce à la formation de nouveaux réseaux. Ces réseaux sont modifiables grâce à la formation de nouvelles synapses ou le renforcement d'autres. Celles-ci auraient bien pu exister avant, mais leur fonctionnement aurait été inefficace.
La potentialisation à long terme (PLT) [3, 38, 39] ,qui est le mécanisme principal de la plasticité neurologique, joue un rôle essentiel dans la formation et l'efficacité de ces synapses.